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Si certains incidents survenant peu avant ou pendant le poulinage (mise bas prématurée, maladie de la jument en fin de gestation, malpositions du poulain etc) entrainent une surveillance rapprochée et des interventions vétérinaires précoces, une mise-bas apparemment « sans histoire » n’exclut pas l’existence ou la survenue de maladies néonatales. Une détection précoce des poulains « à problème » et des interventions adaptées dans les premières heures de vie peuvent se révéler décisives pour la survie et l’avenir du nouveau-né.

Néonatologie
Néonat

La capacité d’absorption de ces anticorps par l’intestin du nouveau-né est maximale à la naissance mais décroit très rapidement après 6 heures pour devenir négligeable après 12 heures et nulle à 24h. La prise de colostrum est donc une course contre la montre vitale dans les premières heures de vie. Une mauvaise acquisition d’anticorps non corrigée peut se solder par l’apparition d’infections articulaires, digestives, respiratoires, ou ombilicales dans les jours et même les semaines suivant la naissance.

Un poulain de 50 kg doit ingérer au moins 60 grammes d’immunoglobulines, soit 1.5 à 2 litres d’un colostrum de bonne qualité, dans ses 12 premières heures de vie pour être correctement protégé
Si le poulain a du mal à tenir debout seul il peut être soutenu et guidé jusqu’à la mamelle.
S’il reste couché mais tonique et avec un bon réflexe de succion, le colostrum de la mère peut être donné au biberon en repas de 150 à 250 ml toutes les heures.
Si le poulain refuse de téter à la mamelle ou au biberon l’intervention d’un vétérinaire sera nécessaire.

Une mauvaise qualité du colostrum, sa perte prématurée avant la mise-bas, un déclenchement tardif de la lactation peuvent aussi entrainer un mauvais transfert d’immunité malgré un comportement normal du poulain.
Pour cette raison il est utile et recommandé  de tester la qualité du colostrum maternel avant la première tétée à l’aide d’un appareil  gradué appelé « colotest » : Avec une concentration en immunoglobulines > 60 g/L le colostrum est riche et on peut en prélever 250 à 500 ml, le filtrer, l’identifier (nom de la mère et date) et le congeler pour se constituer une réserve ou « banque » de colostrum utile pour secourir d’autres poulains.
Si la richesse du colostrum est intermédiaire (40 à 60 g/L) il est préférable de laisser le poulain le consommer en intégralité. En dessous de 40 g/L le poulain doit être complémenté le plus rapidement possible avec du colostrum de réserve ou avec  un substitut de colostrum du commerce : 500 ml de colostrum riche ou un flacon de substitut peuvent suffire si le colostrum de la mère est modérément déficient (30 à 40 g/L). En dessous de 30 g/L il faut administrer au minimum un litre de colostrum de banque ou deux flacons de substitut.

A défaut de « colotest » spécifiquement gradué on peut utiliser un réfractomètre à sucre gradué en échelle de « Brix » : un colostrum riche de plus de 60g/L d’immunoglobuline correspond à une densité brix > 23% et un colostrum déficient de moins de 30 g/L correspond à une densité <15%.

Colotest

Il est fortement conseillé de faire tester le statut immunitaire du poulain sur prise de sang entre 12 et 24 heures après la naissance afin de détecter et corriger le plus tôt possible tout déficit en anticorps. Il existe des kits de dosages qui peuvent être utilisés à l’écurie en quelques minutes.

Avant 24 heures une complémentation par voie orale peut encore être envisagée, au-delà ou en cas de déficit sévère, une ou des transfusion(s) de plasma seront nécessaires. Dans tous les cas il faut re-tester le poulain jusqu’à l’atteinte d’un titre en anticorps sanguins satisfaisant.

Les sérums antitétanique et « trivalent » administrables par injections sous-cutanées sont utiles pour renforcer la protection du poulain vis-à-vis de certains germes ou toxines bien précis mais ils ne peuvent en aucun cas se substituer à l’immunité colostrale.

Les critères d’alerte

  • Il est indispensable de faire appel d’urgence à un vétérinaire devant tout poulain :
  • qui ne présente pas de réflexe de succion
  • qui ne se lève pas dans les deux heures suivant sa  naissance
  • qui ne tête pas dans les 3 heures ou cesse de téter par la suite
  • dont la mère n’a pas de colostrum en quantité et en qualité suffisantes.

OU devant toute jument qui ne se relève pas dans l’heure suivant la mise-bas, ne délivre pas dans les 3 heures, présente des signes de faiblesse, de coliques ou des écoulements sanguins abondants par la vulve après la délivrance.

Et après…

Dans les jours suivant la naissance, une surveillance attentive doit rester portée sur certains points :

  • L’ombilic, qui doit rester propre et sec, sans écoulement de pus, d’urine et sans gonflement
  • La mamelle de la jument dont un engorgement excessif signale le plus souvent une consommation insuffisante de lait par le poulain
  • Un éventuel  rejet de lait par les naseaux lors des tétées qui peut signaler un défaut congénital de la cavité buccale
  • Les boiteries ou œdèmes des membres du poulain : ne pas conclure systématiquement que « c’est la mère qui… ». Les blessures infligées aux poulains par leur mère sont très rares, les infections articulaires sont beaucoup plus fréquentes et graves et leur détection précoce est un facteur essentiel de guérison.
  • L’apparition d’une coloration jaune (ictère) des muqueuses (gencives, conjonctives des yeux) ou d’une coloration rouge à brune des urines dans les 12 à 48 heures de vie : ce sont des signes d’hémolyse néonatale, une affection grave liée à la présence d’anticorps colostraux dirigés contre les globules rouges du poulain. Une prise en charge médical d’urgence est nécessaire pour la survie du poulain. Des précautions particulières seront à prendre lors des prochains poulinages de la jument.
  • Les signes de ténesmes (fouaillements de queue, « poussées » sans émissions de selles ou d’urines) qui peuvent avoir différentes causes mais dont les deux plus fréquentes sont un défaut d’évacuation du méconium ou une rupture des voies urinaires. Dans tous les cas un examen vétérinaire d’urgence est nécessaire.
  • Les signes de coliques (agitation, abattement, position couchée inhabituelle, souvent sur le dos, grincements de dents) dont les causes ont de nature et de gravité variable.

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