Un souffle cardiaque est un bruit anormal, de type « fuite d’air » audible à l’auscultation, intercalé ou superposé aux bruits normaux de battements du cœur. On le décrit par sa position (à gauche ou à droite du thorax, en regard de telle ou telle aire d’auscultation), son intensité sonore (grade de 1 à 6/6), et la phase du cycle cardiaque pendant laquelle il est audible (systole ou diastole).
Certains souffles sont « fonctionnels» c’est-à-dire non associés à une anomalie morphologique du cœur mais simplement causés par la circulation du sang dans et au-delà des cavités cardiaques. Ces souffles peuvent être amplifiés de façon transitoire en période de fièvre, d’anémie (baisse du taux de globules rouges sanguins), ou de coliques, et laisser à tort suspecter une maladie cardiaque. Leur disparition est généralement concomitante de la résolution des autres anomalies sanguines ou digestives.
En dehors de ces cas particuliers, un souffle cardiaque a toujours pour origine une anomalie du cœur. Il peut s’agir d’une malformation congénitale, comme une « communication » c’est-à-dire un trou anormal entre deux cavités cardiaques, ou d’une anomalie apparue au fil du temps, la plupart du temps une régurgitation ou « fuite » au niveau d’une des valves membraneuses qui permettent de maintenir le sens normal de circulation du sang à travers les différentes parties du cœur.
Dans la majorité des cas les anomalies valvulaires à l’origine d’un souffle cardiaque n’entrainent pas d’autres symptômes et n’influent pas sur la capacité sportive, car la taille et la contractilité du cœur s’adaptent pour compenser les fuites sanguines.
Mais en cas de malformation grave ou d’évolution à long terme d’une fuite valvulaire, les capacités d’adaptation du cœur peuvent être dépassées et des troubles de la circulation du sang surviennent. On parle d’un stade de « décompensation » qui peut se manifester par une intolérance à l’effort, de la faiblesse, des syncopes, une élévation de la fréquence cardiaque, une irrégularité du rythme cardiaque, des difficultés respiratoires, des oedèmes déclives sous le ventre ou le poitrail, ou des pulsations anormales sur les veines jugulaires.
Dans cette situation, relativement rare, le pronostic vital est très engagé et les traitements essentiellement palliatifs car il n’existe pas à l’heure actuelle de moyen de corriger chirurgicalement les anomalies cardiaques chez le cheval.
Les caractéristiques d’un souffle cardiaque à l’auscultation peuvent être indicatrices sur son origine mais ne permettent pas un diagnostic de certitude ni une évaluation du stade de compensation. Un examen échographique du cœur (échocardiographie) est nécessaire pour déterminer avec précision l’anomalie cardiaque en cause, ses conséquences sur la taille et la contractilité du cœur, et l’importance des fuites sanguines intracardiaques par la technique de Doppler qui permet de visualiser les flux de sang sous forme de spots de couleur ou de graphiques de vitesse.
En fonction de ces différents paramètres de mesures, une estimation du pronostic vital et sportif peut être établie.
L’échocardiographie est particulièrement indiquée en cas de découverte d’un souffle sur un cheval en début de carrière sportive, ou dans le cadre d’une visite d’achat, ou encore sur un cheval présentant des troubles du rythme ou des signes de défaillance cardiaque.