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Les ulcères gastriques sont des érosions plus ou moins profondes de la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’estomac. Il s’agit d’une des maladies digestives les plus répandues dans l’espèce  à équine, touchant 70 à 95% des chevaux de course à l’entrainement, mais également fréquente chez  les chevaux de sport, de spectacle et d’endurance et plus généralement susceptibles de toucher toutes les catégories de chevaux y compris les retraités et les reproducteurs. Toutes les races peuvent atteintes avec une prédilection pour les Pur-sang Anglais et Arabes, les Anglo-Arabes et les Trotteurs.

Toutes les causes des ulcères ne sont pas encore totalement identifiées chez le cheval. A la différence de l’homme, une infection bactérienne n’est pas prouvée à ce jour et les facteurs prédisposant les mieux connus sont ceux qui influent sur l’acidité du bol alimentaire, la rapidité de vidange de l’estomac, et les reflux intestinaux et biliaires : stress associé au rythme de travail et au mode de vie, alimentation riche en céréales, rythme des repas.  Les traitements anti-inflammatoires prolongés et/ou à forte doses peuvent favoriser l’apparition d’ulcères même si leur toxicité touche en premier lieu le gros intestin ou les reins. Enfin plus occasionnellement, les ulcères peuvent se développer secondairement à une autre maladie intestinale ou hépatique par exemple.

Les signes d’appel qui font suspecter la présence d’ulcères  gastriques sont généralement un mauvais état général avec amaigrissement et poil piqué, un appétit capricieux, des crottins mous, parfois des signes de coliques sourdes principalement après les repas ou en période de stress comme pendant un transport ou une compétition. Mais la présence de ces symptômes est très variable en fonction des individus et n’est pas nécessairement corrélée à l’étendue et la gravité des ulcères.

Quels examens permettent de diagnostiquer les ulcères?

Les analyses sanguines de routine sont peu révélatrices, une anémie modérée (faible taux de globules rouges) apparaît parfois suite aux saignements répétés de l’estomac. Des tests sanguins plus spécifiques ont été développés récemment dans les laboratoires spécialisés pour affiner et améliorer la détection des ulcères. Malheureusement aucune de ces analyses ne permet de juger de l’étendue et de la sévérité des lésions, ni d’en suivre l’évolution.

Pour ces raisons la technique diagnostique la plus fiable et la plus précise reste la Gastroscopie, c’est-à-dire l’examen direct de l’intérieur de l’estomac à l’aide d’un système vidéo intégré dans un long endoscope qui est introduit dans l’estomac à la manière d’une sonde naso-gastrique. L’examen nécessite une diète complète de 12 à 18 heures et se déroule sous tranquillisation. Il permet d’inspecter l’œsophage, le sac gastrique, la partie terminale de l’estomac (le pylore) et le début du petit intestin (le duodénum).

Gastroscopie
Gastroscopie d’un estomac normal montrant les deux muqueuses : muqueuse glandulaire (rose foncé) et non glandulaire (blanche) et le pylore sur la deuxième image.

 Les ulcères sont localisés le plus souvent le long de la séparation entre les deux muqueuses de l’estomac, appelée margo-plicatus, mais peuvent occasionnellement être observés sur tout le reste de l’estomac. Outre les ulcères, la gastroscopie peut mettre en évidence une sténose (blocage, défaut d’ouverture) du pylore, des parasites (gastérophiles), ou encore, très  rarement, des proliférations tumorales.

Ulcère gastrique
Ulcères profonds (sang)                Pylore inflammé et sténosé             Gastérophiles

Comment traiter?

Lorsque la présence d’ulcères gastriques est confirmée, leur traitement est fondé sur l’administration de médicaments qui réduisent l’acidité gastrique, et la diminution des facteurs de risque.

A l’heure actuelle le seul médicament anti-acide disponible pour les chevaux est l’oméprazole, commercialisé en France sous le nom de Gastrogard®, qui s’administre sous forme de pâte une fois par jour dans la bouche, pour une durée variable selon la gravité et l’étendue des ulcères. L’utilisation d’oméprazole est autorisée en concours FEI mais pour les autres types de compétition, un délai de 5 jours après la fin du traitement est à respecter.
On peut associer au traitement anti-acide un complément alimentaire à base de kaolin et de pectines qui, par un effet « tampon » sur l’acidité gastrique et protecteur sur la muqueuse, facilitent la cicatrisation et préviennent les récidives. Les « pansements »  en solution buvable comme le Phosphalugel ont un effet soulageant immédiat mais très peu durable et ils sont peu adaptés au volume de l’estomac du cheval. De ce fait leur utilité est discutable.

La surveillance de l’alimentation est fondamentale pour faciliter la guérison et réduire les risques de récidive : le fractionnement de la ration en 3 à 4 repas équivalents est la première mesure à mettre en œuvre. Il convient également de distribuer systématiquement une part de fourrages avant les aliments concentrés afin de ralentir le passage des aliments  fermentescibles dans le duodénum et d’augmenter le volume du bol alimentaire. On évitera également l’avoine entière peu digestible et source d’acidité. De façon plus simple la mise au pré intégrale peut à elle seule permettre une guérison des ulcères gastriques mais les mesures préventives seront à remettre en place dès le retour au box.

Un contrôle gastroscopique est souhaitable en fin de traitement pour vérifier la cicatrisation de la muqueuse gastrique et mettre en place des mesures préventives pour le long terme. Des ulcères persistants ou aggravés malgré des traitements adaptés doivent faire suspecter l’existence  d’une autre maladie digestive intestinale ou hépatique.

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