L’ostéochondrose est une affection ostéo-articulaire affectant les jeunes chevaux (moins de deux ans). Elle se caractérise par un défaut de maturation des cellules cartilagineuses au niveau d’un ou plusieurs cartilages de croissance épiphysaires (zone de croissance de l’os située à l’extrémité des os longs).
Cette « malformation cartilagineuse » se traduit soit par le détachement d’un morceau de cartilage dans l’articulation (forme dite « disséquante ») soit par la formation d’un kyste au sein de l’os (forme dite « kystique »).
A noter que certains fragments « d’OCD » sont en réalité le résultat de traumas articulaires survenus durant le jeune âge (petites fractures d’avulsion).
L’ostéochondrose fait partie de la « famille » des AOAJ (Anomalie Ostéo-Articulaires Juvéniles). Ce terme englobe l’ensemble des anomalies de développement ostéo-articulaires du jeune cheval et fait notamment référence outre l’OCD aux épiphysites, aux contractures tendineuse ou aux déviations angulaires.
Quelles sont les manifestations cliniques de l’OCD?
Les manifestations cliniques de l’OCD sont très variables, elles dépendant essentiellement de l’articulation touchée, du type de lésion et de l’activité du cheval. Chez un jeune cheval n’ayant jamais été entrainé l’OCD est le plus asymptomatique, d’où l’utilité des bilans de dépistage décrits par la suite.
Lorsque l’OCD n’est pas asymptomatique il est possible d’observer un ou plusieurs des symptômes qui suivent:
- Un gonflement articulaire.
- Une douleur à la mobilisation passive de l’articulation concernée.
- Un test de flexion positif.
- Une boiterie de degré variable.
Quels sont les facteurs de risque de l’OCD ?
- La génétique : certaines races comme les Trotteurs français, le Pur-sang ou le Selle-Français sont prédisposées à développer certaines lésions d’OCD. Le statut OCD des parents est également un élément à considérer.
- L’alimentation : la gestion des apports alimentaires de la mère pendant la gestation puis celle du poulain pendant sa croissance sont un élément clé à considérer dans la prévention de l’OCD.
- L’activité physique du poulain durant sa première année de vie : une activité physique régulière et modérée des jeunes individus permettrait de diminuer la prévalence de certaines lésions d’OCD. En effet de nombreux auteurs jugent que l’OCD est corrélée à l’application de contraintes excessives sur un squelette immature.
Comment et quand rechercher les lésions d’OCD ?
La plupart des lésions d’OCD sont identifiées à l’aide de radiographies. A noter que l’échographie peut être jugée utile en complémentarité des radiographies pour l’évaluation complète de certaines lésions, notamment les lésions kystiques.
Il est donc recommandé de réaliser un « bilan OCD » entre 18 et 24 mois d’âge. Il n’est généralement pas recommandé de faire de bilan de dépistage OCD avant cette période car durant les deux premières années de vie le squelette du poulain évolue énormément et des lésions d’OCD présentes à 3 mois peuvent se consolider et n’être plus visibles à un an. En revanche il est conseillé de réaliser un bilan OCD avant le débourrage ou la mise à l’entraînement car les lésions d’OCD possèdent un meilleur pronostic si elles sont diagnostiquées et traitées avant la mise en contrainte des articulations touchées.
- Il existe des bilans de dépistage standardisés comprenant entre 10 et 40 clichés selon le « niveau de sécurité » souhaité. L’objectif est d’identifier la plupart des lésions d’OCD avant que celles-ci perturbent l’exploitation du cheval ou sa commercialisation.
- Les articulations les plus fréquemment atteintes d’ostéochondrose sont les jarrets, les grassets et les boulets.
- Lorsqu’une lésion d’OCD est identifiée en dehors du contexte d’un bilan de dépistage il est recommandé de réaliser à minima une radiographie de l’articulation controlatérale car les lésions d’OCD sont fréquemment bilatérales.
En cas d’OCD : Quel traitement choisir? Quel est le pronostic sportif?
Il existe deux grandes approches : le traitement conservateur ou le traitement chirurgical :
La gestion conservative (repos, anti-inflammatoires, infiltration de l’articulation..) est indiquée dans un certain nombre de cas :
- Si le fragment est très petit.
- Lorsque le fragment est extra-articulaire ou qu’il est petit ou synovialisé (inclu à la membrane synoviale).
- Lorsque l’on peut encore espérer une évolution spontanée favorable (cheval de moins de 18 mois).
- Lorsque le traitement chirurgical n’est pas possible ou trop risqué.
- Lorsque le cheval n’est pas destiné à une activité sportive.
De manière générale le retrait chirurgical par arthroscopie sous anesthésie générale constitue le traitement de choix.L’arthroscopie présente plusieurs intérêts :
- Un abord peu invasif (2 ou 3 points d’entrée d’1 cm de longueur environ).
- Le retrait du ou des fragments cartilagineux et/ou le curetage du kyste.
- L’évaluation complète de l’articulation (ensemble du cartilage, membrane synoviale, liquide articulaire) qui permet d’affiner le pronostic sportif.
- Le lavage de l’articulation : retrait des débris inflammatoires articulaires générés par la présence du/des fragment(s).
Les chirurgies de retrait de fragment d’ostéochondrose par arthroscopie sont dans la très grande majorité des chirurgies de courte durée avec un très faible taux de complications. Le coût d’une arthroscopie est compris entre 1500 et 2500 euros, en fonction du nombre d’articulations à opérer. N’hésitez pas à nous contacter pour un devis.
Suite à l’exérèse par arthroscopie d’un fragment d’OCD « classique » sur un cheval jeune sans boiterie associée le pronostic sportif est généralement considéré comme excellent (plus de 90%). Néanmoins chaque cas est à considérer de manière individuelle et nous nous faisons un devoir de vous fournir un pronostic aussi précis que possible avant/après toute intervention chirurgicale réalisée au sein de la Clinique de Grosbois.
La prophylaxie de l’ostéochondrose s’appuie sur le contrôle des causes tout particulièrement pendant la première année de vie qui est une période d’importance capitale. Pour le comprendre retenir qu’à 12 mois le squelette du poulain est mature à 95% et qu’à cet âge le poulain fait déjà 90 % de son poids adulte ! Quatre paramètres majeurs sont à maitriser :
Comment prévenir l’apparition/ les conséquences de l’OCD ?
– L’alimentation du poulain
Apports caloriques adapté et protéines de qualité. Entre 6 et 12 mois il faut apporter en moyenne 6 UF (unités fourragères) par jour, avec un rapport protido-fourrager d’environ 100-120 g de MAD (matières azotées digestibles)/ UF soit environ 600g de MAD par jour. La qualité des protéines est également à considérer, notamment leur teneur en lysine qui constitue le premier facteur limitant d’une bonne croissance.
Apports raisonnés en « sucres rapides ». Des études suggèrent fortement que l’hyperglycémie/hyperinsulinémie favoriserait la formation d’anomalies cartilagineuses à l’origine d’OCD. Privilégier donc les apports en fibres et en acides gras aux concentrés riches en glucides à fort index glycémique chez le poulain en croissance.
S’assurer une courbe de croissance régulière. Les changements alimentaires brutaux (ex : passage d’une alimentation insuffisante à une alimentation à abondante) peuvent générer un pic de croissance se traduisant par des anomalies de développement comme de l’OCD. Dans l’idéal il est donc recommandé de réaliser des courbes de poids, et d’état corporel afin de surveiller étroitement la vitesse de croissance du jeune cheval. L’absence de transition alimentaire brutale passe en grande partie par un caractère progressif du sevrage qui constitue une période critique de la première année de vie.
Juste rapport phospho-calcique Ca/P. Le calcium et le phosphore sont des minéraux très importants car ils sont à la fois des matières premières et des régulateurs de la construction osseuse. Le rapport phosphocalcique est idéalement situé autour de 1.5-1.8 (ne jamais dépasser 3) avec un apport moyen journalier recommandé de 50g de Ca par jour (compter environ 150-180mg de Ca par kg de poids vif par jour) durant la première année de vie du poulain
Importance des apports en Cuivre et en Zinc. Des apports insuffisants en cuivre sont souvent incriminés lors de retards à la cicatrisation osseuse. Le cuivre « exploitable » par le poulain sous la mère est celui qu’il a stocké durant la période fœtale, il faut donc principalement surveiller les apports de la mère durant la gestation. Lorsque le poulain passe à un aliment solide l’idéal est d’avoir un rapport Zn/Cu de 2.5-3.
En pratique : Il est recommandé de fournir du foin dont on connait la composition ou le cas échéant de le faire analyser pour identifier les carences que l’aliment concentré a pour but de combler. La complémentation concentrée recommandée pour les poulains est de 0,5 à 1 kg (1 à 2 litres) / 100 kg de poids vif de 0 à 6 mois soit 250 g-500 g / jour à 1 mois à 2,5 kg-3 kg / jour à 6 mois. Les aliments concentrés de bonne qualité sont conçus pour pallier aux carences « habituelles » des prairies et un concentré «idéal» contient en moyenne 16 à 18% de protéines brutes (soit 14 à 15% de MADC) avec 0,75% de lysine, 0,7% de Calcium, 0,5% de Phosphore, 0,1% de Magnésium, 80 à 100 ppm de Zinc, 30 ppm de Cuivre, 10 000 UI Vitamine A, 1 500 UI de Vitamine D par kg d’aliment.
De manière générale utiliser des protéines de qualité, assurer une alimentation équilibrée et suffisante en minéraux, oligo-éléments et vitamines, fractionner les apports au cours de la journée, éviter les transitions alimentaires brutales et les apports énergétiques et glucidiques excessifs. Préférer quand cela est possible un élevage en pâture plutôt qu’en stabulation.
– La génétique
Se renseigner quand cela est possible sur le statut OCD des « parents » au sens large lorsque l’on achète un cheval ou que l’on souhaite faire reproduire un individu.
Eviter dans la mesure du possible de faire reproduire des individus ayant présenté des lésions d’OCD.
– La conduite d’élevage
Exercice modéré et régulier durant toute la croissance : Le squelette du poulain constitue une charpente ostéo-cartilagineuse immature et fragile ! Eviter autant que possible l’alternance stabulation/ grandes étendues de pâture qui favorise une activité physique violente lors des sorties entrecoupées de périodes d’inactivité complète.
– Le dépistage précoce
Réaliser des bilans radiographiques de dépistage autour de l’âge de deux ans ou plus tôt si une lésion d’OCD est suspectée. Retenir que plus une lésion d’OCD « stable » est diagnostiquée tôt plus le traitement sera précoce et meilleur sera le pronostic sportif.